let's play a wicked game, shall we? <reserved>

L'Hiver et son manteau blanc. Comme toujours à cette période de l'année à Poudlard, le château et tout les alentours se paraient d'une épaisse couche de neige blanche. Et comme chaque année, Nolhan aimait admirer ce magnifique spectacle. La neige avait toujours eut un drôle d'effet sur lui. Apaisant. Salvateur. Il aimait le froid, ce vent glacial qui vous saisit jusqu'à l'os et vous donne l'impression de pouvoir vous briser au moindre choc trop violent. C'était un drôle de sentiment, de ressentir cette apparente vulnérabilité tout en sachant parfaitement que ce n'était simplement rien de plus qu'une impression. On fuyait toujours le froid, réflexe naturel en soi, l'Homme est ainsi fait, mais lui se sentait toujours irrésistiblement attiré par le froid. Et cela pouvait tout aussi bien concerné le temps que certains aspects de sa vie, sans en dire plus. Peut-être était-ce du au fait qu'après la mort de son père, les moments les plus joyeux qu'il eut passé eurent lieu dans ce décor polaire. Allez savoir. Mais en tout cas lui, le froid ça ne le dérangeait pas. Au contraire, il pouvait alors profiter pleinement et surtout, solitairement, de la vue offerte depuis la tour d'Astronomie, habituellement, le reste de l'année, repère des bécotteurs et autres amoureux en quête effrénée d'un endroit où laisser libre cours à leurs pulsions. Il était peut-être un peu hypocrite sur ce coup là, car lui aussi, il lui arrivait parfois de monter ici dans ce même but, mais bon, pour le moment, s'il été grimpé jusqu'ici, ce n'était pas pour ça.
Non, s'il était venu ici, c'était tout simplement pour s'accorder du temps à lui, seul. Ce matin encore, il avait parlé avec Nora et il devait se calmer les nerfs. Comment pouvait-elle agir ainsi ? Avec si peu de gratitude et de fierté rapport à sa Marque ? Il se demandait même parfois pourquoi le Dark Lord lui avait fait cet honneur là, elle qui était si peu prompte à lui témoigner une quelconque reconnaissance pour ce cadeau pour lequel certains tueraient. Mais bon, pour le moment, il ne voulait plus y songer.

En arrivant au sommet, il se confronta d'abord au vent. La haut, les bourrasques fouettaient l'air ambiant tel un fouet cinglant qui lui saisit presque aussitôt les joues. Mais plutôt que de s'en plaindre, Nolhan sourit. Un jour comme il les aimaient. Un jour à ne pas mettre le nez dehors. Sa tranquillité n'en serait que plus sûrement assurée. Et puis quand bien même, il était sorcier non, donc s'il voulait se réchauffer les mains, rien de plus simple, un petit sort et hop, le tour était joué. Et autrement, il n'aurait qu'à rebrousser chemin. Ce n'était pas comme s'il était condamné à rester là-haut, puisque c'était un choix volontaire. Une fois la porte refermée derrière lui, Nolhan s'approcha d'un pas lent vers les créneaux de la tour. On avait déjà depuis cette hauteur une vue imprenable sur le château et le paysage servant d'écrin à l'école. Une vue à des kilomètres à la ronde. Des kilomètres d'une vue monochrome. Du blanc à perte de vue. Lui voulait jeter un simple regard en contrebas, vers la Cour de l'école, histoire de voir s'il ne pouvait pas s'amuser un peu avec les rares élèves assez courageux pour s'aventurer là à cette heure. Mais rien. Pas un chat. Son pendant naturel pour la torture de ses camarades attendrait donc qu'une autre occasion ne se présente pour laisser libre cours à ses talents.
Il alla donc de l'autre côté de la tour, laissant derrière lui des traces de pas dans l'épaisse couche de neige déjà présente sur la plateforme. Pas la peine de les dissimuler, il était sûr et certain que personne ne viendrait là. Une fois qu'il eut choisi le créneau sur lequel il comptait prendre appui, il sortit sa baguette et fit fondre la couche de neige déposée dessus, histoire de pouvoir correctement s'accouder et de ne pas trop tremper la manche de sa cape. Il aimait la neige, certes, mais pas sentir sa manche humide collé à sa peau. Une fois correctement installé, il put commencer à observer. Vous vous demandez d'ores et déjà très certainement ce qu'on peut bien avoir à observer avec un temps pareil, alors qu'on ne distingue rien d'autre à des kilomètres à la ronde que de la neige, de la neige et encore de la neige, avec ça et là peut-être, les rares toits encore visibles de villages environnants ? N'importe qui vous dirait sûrement, que précisément, il n'y a rien à voir. Mais lui y voyait quelque chose. Un spectacle somptueux. Le calme. Et c'est ce dont il avait besoin pour calmer la tempête en lui.

C'était d'ailleurs un paradoxe chez lui. De savoir se montrer si calme en apparence alors qu'un volcan bouillonnait en lui. Mais qu'est-ce qui n'était pas ambivalent chez lui ? Pas grand chose à vrai dire, mais c'était précisément aussi là toute sa force. Parvenir à montrer des facettes de lui tour à tour différentes et jouées avec une telle conviction qu'on ne peut soupçonner un instant qu'il s'agisse en vérité d'un simple masque. Il n'y avait que très peu de personnes ici comme ailleurs qui puissent se vanter de connaître réellement le visage de Nolhan. Mona, Celle qu'il considérait comme sa petite soeur, parce qu'ils avaient quasiment grandis ensemble. Et bien entendu son pendant féminin, Viviane. Sa complice de premier choix lorsqu'il échafaudait des plans pour humilier des camarades, ou qu'il voulait chasser du résistant. Et bien entendu, celle avec qui il partageait bien plus que de simples mots. Un doux poison qui un jour peut-être, finirait par le consumer. Pour le reste du monde, il demeurait au possible un garçon inoffensif, frêle, dont on ne pourrait jamais croire qu'il recèle une telle noirceur d'âme. Et pourtant...
Il n'avait manqué de rien étant enfant. Vraiment. Ses parents n'étaient pas extrêmement démonstratifs mais il s'était toujours senti chéri et aimé. Son éducation été riche, complète et stricte mais pas trop. Bien évidemment, la mort de son père avait tout chamboulé. Il avait perdu son principal point de repère, son modèle. Et tous les repères qu'il s'était construit jusqu'à lors. Et cette perte n'avait dans le fond, fait qu'enfoncer un peu plus le clou déjà planté en lui. Que nourrir la graine du vice semée dès sa naissance. Certains sont fait pour faire le bien, et d'autres, le mal. Lui faisait partie de la deuxième catégorie, et bien qu'il ne s'en vantait pas tant que ça, il était doué. Et suffisamment brillant pour ne pas se faire prendre. Un esprit extraordinaire et un visage innocent. Deux armes redoutables entre ses mains.

Cela faisait à présent plus d'une trentaine de minutes qu'il était là, seul, entouré seulement par le bruit du vent et la neige continuant de tomber sur le château. Et il s'était enfin calmé. Il était à nouveau parfaitement serein. Et bien qu'il aurait pu encore rester là une bonne heure sans ressentir le pincement du froid, il fut tenter d'en faire tout autrement quand il entendit les gonds de la porte qu'il avait préalablement fermée tournés sur eux-mêmes. Ne pouvait-il donc jamais être seul dans cet immense château ? Pourquoi fallait-il que dans tous les lieux possibles et inimaginables ici, cet élève ai choisi cette tour, au moment où lui-même s'y trouvait ? Mais plutôt que de tout de suite montrer son agacement, il resta impassible, toujours accoudé à son créneau, le regard perdu dans le vide. Au mieux, l'élève mal venu repartirait en le voyant, au pire, il lui faudrait partager les lieux et comme il y avait assez de place pour ne pas se gêner mutuellement, ou avoir à supporter la présence de l'autre. Mais se dont il ne se doutait pas encore, c'est qu'aujourd'hui, il trouverait en la personne de l'innocente Felicia, un nouveau jouet de premier choix. Victime involontaire de cette coïncidence qui a voulu qu'ils se trouvent tous les deux ici, à cet instant.