I know that things are broken ... {R.}

BY ME @ TUMBLR/LJ

... and though there's too many words left unsaid

« Les oeufs de boutefeu chinois sont quasiment introuvable depuis le dix huitième siècle alors usez de cette poudre avec la plus grande des précautions. Ajouter trois pincée de gingembre pour une cuillère à café de poudre d'oeuf de dragon. Soyez extrêmement précis, et suivez bien la cuisson, cela doit frémir sans jamais bouillir »

Neela lâcha un soupir, en se redressant devant sa table, tandis qu'elle observait à chaque coin de la pièce Felicia et Rose dont elle avait été séparé à cause de leurs incessant bavardages et aussi des nombreuses explosions et autres effets secondaires provoqués par leur cruel manque de concentration. Tandis que son binôme, un Serpentard enrhumé dont la morve commençait à s'approcher trop près du chaudron, tentait d'exécuter la potion pour regagner les points qu'une de ses camarades venait de perdre en lançant une boulette de papier. Neela n'avait jamais vraiment apprécié les potions, parce que cela demandait une trop grande vigueur et concentration, deux choses dont elle manquait cruellement. Elle s'était pourtant si vite démarquée en ayant un talent naturel et simple pour faire les choses sans les revoir, qu'elle en avait oublié ce que c'était de travailler, préférant rester sur ses acquis.
Elle était épuisée. Depuis plusieurs nuits, elle ne dormait plus, voir mal, et ses visions commençaient à faire paniquer ses deux meilleures amies qu'elle réveillait à chaque fois qu'elle hurlait dans son sommeil. Elle s'en voulait, terriblement, mais elle était si impuissante face à ça, que ça la faisait tomber dans une mélancolie perpétuelle proche de la dépression.

Son regard tomba alors sur le dos de Viviane, se tenant droite, griffonnant sur son parchemin des notes d'une plume noire qu'elle faisait tinter contre les rebords de son encrier. Son estomac se serra alors qu'elle vit les boucles brunes tombés sur sa robe de sorcière, ses mains blanches appuyés délicatement sur le papier jaunis par l'usure et le temps. Elle et Viviane n'étaient plus en bons thermes depuis quelques temps déjà. Depuis plus de onze ans maintenant, elles ne se parlaient plus, s'évitaient par mépris et par colère. Elles n'avaient jamais vraiment eu beaucoup de choses en commun sauf le sang. Autrefois, Neela s'entendait bien avec la petite soeur de Viviane, mais depuis ... Des flashs de sa vision lui revinrent. La baguette de son père, la lumière verte, et le corps inerte de Clarisse.

Alors qu'elle continuait d'observer le dos de Viviane, Neela comprit que malgré le désintérêt complet qu'elle avait pour sa cousine, elle lui devait la vérité. En jurant fidélité pour les rebelles, elle avait décidé de se démener pour toujours rétablir la vérité et même aider d'autres à ouvrir les yeux sur les intentions du Seigneur des Ténèbres. Peut être qu'en avouant ce qui s'était passé ce soir là à Viviane, que son oncle avait assassiné sa soeur sur la demande pressente de Vous-Savez-Qui, Viviane retournerait sa veste et rejoindrait la résistance. Mais avouez cela à Viviane serait trahir son père, sa famille, son sang. Elle avait malheureusement fait ce choix depuis longtemps, et aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours haïs son père. Il ne s'était jamais comporté comme tel avec elle, se servant d'elle comme un objet de satisfaction et de réussite auprès des autres. Alors sans aucun doute qu'elle préférera aider une cousine avec qui elle n'avait rien en commun que cet homme infecte et sans scrupule pour qui elle n'avait que de la haine et du mépris.
« Très bien ça sera tout pour aujourd'hui, nous nous retrouverons la semaine prochaine pour exécuter une potion pour transformer le sang de vos ennemis en lave de volcan. Bon week end à tous ! »

Tout le monde referma son livre et tria ses papiers avec rapidité pour regagner la sortie. Neela fit un signe à ses deux amies qu'elle les rejoignait dehors et qu'elle avait une chose à faire - tout ça par signe de main, comme si elles s'étaient instaurés un langage manuel - et elle se dirigea timidement vers la table de Viviane en resserrant son livre contre sa poitrine, pour éviter que les bruits de coeur apeuré ne se fasse trop entendre.
« Viviane, je peux te parler deux minutes ? »
Drôle de situation pour apprendre à quelqu'un que vous avez vu qui avait tué sa soeur.

Viviane droite comme i, prenait des notes consciencieusement depuis désormais une bonne heure, et rien ne semblait pouvoir la distraire. Le travail était devenu une sorte de refuge depuis l'incident de l'année dernière, et l lui permettait en outre d'éviter d'y penser, mais parfois les images se faisaient insistantes malgré elle. Elle revivait très souvent cette scène finale, lorsque le corps tiède de sa sœur entre ses bras, avait laissé place à une froideur irréversible. Elle ne comprenait toujours pas ce qu'il s'était passé, où du moins préférait se voiler la face, car il s'agissait après tout d'un des siens qui avait assassiné sa cadette, mais la vérité était encore trop dure à avaler. Comme si ce fardeau qu'elle portait sur ses épaules ne suffisait pas, elle avait eu l'affreuse surprise de découvrir qu'un de ses nouveaux enseignants cette année, n'était autre qu'Heathcliff. Longtemps mis à l'écart de son esprit, mais jamais oublié, c'était impossible. Elle aurait espéré qu'après tout ce temps il lui aurait pardonné, hélas, au contraire, la rancœur n'avait fait que s'accroitre, et il se permettait aujourd'hui de lui faire subir autant de douleurs qu'elle avait pu lui causer. Sa plume se brisa sur sa feuille, et tandis qu'elle tentait de la raccommoder, elle s'entailla l'index, tachant sa feuille de sang. Elle ronchonna intérieurement, face à cet imprévu qui remettait en cause la perfection de ses cours qu'elle prenait soin de bien rédiger comme si il s'agissait là d'un devoir important. Plus les jours passaient, plus les nouvelles lubies s'accumulaient, signe profond du mal être dans lequel elle se trouvait actuellement, sans espoir d'en faire part à qui que ce soit. Elle ne voulait la pitié de personne, encore moins de ses camarades qui l'irritaient plus que tout… Elle se souvenait encore, de la multitude de personnes qui avaient tenté de venir à l'enterrement de Clarisse prétendant bien la connaitre, tandis qu'ils souhaitaient simplement se faire bien voir; sans préambule elle les avait renvoyé.

Tandis qu'elle se penchait pour récupérer de nouveaux parchemins, elle surpris dans son dos le regard de Neela, toujours aussi peu discrète dans sa manière de dévisager les autres. Elle ne releva pas, et fit mine de poursuivre la transcription des paroles de son professeur, tout en la surveillant du coin de l'œil. Elle n'avait jamais réellement aimé sa cousine, le fait qu'elle soit dans la même famille, n'avait rien favorisé, et les deux adolescentes, n'avaient fait que perpétuer la haine implicite que vouait Ludmilla à Andromeda. Toutes jeunes déjà les fillettes ne possédaient guère de points communs, la petite tête blonde bénéficiait de l'affection de tous par sa gentillesse, et sa facilité à aller vers les autres, tandis que l'autre, le vilain petit canard en somme, était souvent mis de côté, elle faisait trop peur. Puis les années étaient passées, et leurs parents ne s'adressant plus la parole pour des raisons obscures mêlant la jalousie et l'orgueil de leurs pères, elles ne s'étaient guère revus, la scission ayant toutefois lieu lors de leur rentrée à Poudlard. L'une était allée à Serpentard et l'autre à Gryffondor, creusant davantage le fossé entre les sorcières. Les gens n'ignoraient pas qu'elles étaient de la même branche, et cela amusait grandement certains de les comparer, bien qu'il n'y eut pas matière à le faire, tant les différences étaient nombreuses. C'était très simple, pour Viviane, Neela n'existait pratiquement pas, elle se contentait de tolérer sa présence en cours, mais la considérait purement et simplement comme une inconnue, elle estimait n'avoir strictement rien à faire avec elle, jamais elles ne seraient bonnes amies. Son statut de mangemort ne faisait qu'accentuer cette aversion envers elle, qui avait préféré rejoindre les troupes rebelles, ces mêmes troupes qui avaient justement coutés la vie à Clarisse. Viviane observa un instant son bras droit, recouvert par la manche de sa robe émeraude, camouflant la marque des ténèbres qui saillait sur sa peau blanche. Elle ne devait sa volonté de vivre qu'au seigneur des ténèbres, et commençait petit à petit à accepter le fait qu'il ait tué sa sœur pour son bien à elle.

Viviane perdue dans ses propres réflexions, réalisa tardivement la fin du cour, et voyant ses camarades sortir un à un, elle rangea rapidement ses affaires dans son sac, qu'elle passa sur son épaule, non sans réprimer une grimace de douleur. Les duels avaient été rudes ces derniers temps, et toutes les plaies n'avaient pas encore eu le temps de cicatriser correctement. Tandis qu'elle s'apprêtait à se diriger vers la porte, elle eut la surprise de voir sa cousine à ses côtés, cachée derrière ses livres, espérant sans doute qu'ils suffiraient à la défendre en cas d'attaque; elle ricana intérieurement, face à temps de naïveté. « Viviane, je peux te parler deux minutes ? » Viviane arqua les sourcils, affichant une moue sarcastique, avant de prendre la parole d'un ton amusé. « Vraiment ? » Elle pencha la tête sur le côté, un sourire faux se dessinant sur ses lèvres, tandis qu'elle poursuivait en minaudant. « Que me vaut l'honneur de profiter de ta discussion, hmm, si intéressante ? Dix ans que l'on s'ignore, et tu souhaites désormais me parler… » Elle laissa volontairement échapper un long soupire, et sortit finalement de la salle de classe, Neela toujours sur ses talons. « Tu m'en vois navrée je n'ai pas de temps à t'accorder. » Elle joignit ses mains entre elles, tout en feintant s'excuser, avec un air qui se voulait être tout sauf sincère, puis elle reprit rapidement son sérieux. Son regard noir fixa plusieurs secondes la sorcière, n'importe quelle personne censée aurait compris à cet instant là, qu'elle perdait déjà patience, et qu'il était temps de partir. « Retourne donc jacasser avec ces deux imbéciles qui te servent d'amies. » Ajouta t-elle d'un ton acerbe, avant de lui tourner le dos, et de s'éloigner vers le couloir principal.

Neela ne s'était guère attendue à ce que Viviane lui tombe dans les bras pour l'embrasser et la commenter sur sa coupe de cheveux. Mais pourtant, elle avait espéré un peu de retenu de sa part, qu'elle reste neutre, un peu énervée certes, mais pas aussi horrible. Chaque mot qu'elle avait prononcé à son égard avait été lancé comme des poignards dans un oreiller, déchirant et meurtrier. Tout en elle n'inspirait que la haine et le dégoût des autres, alors que Neela avait pourtant une chose pour elle qu'elle avait été la seule à avoir dans toute sa famille : du respect. Elle avait traversé beaucoup d'épreuves, avait du s'imposer dans une famille qui avait toujours vouer un culte à sa petite soeur prodige. Mal aimé, toujours relégué à la seconde place, Neela aurait pu aimer Viviane et même la soutenir. Mais se faire constamment rabroué pour la simple raison que vous respiriez le même air qu'elle était fatiguant, et cela ne donnait guère envie de se battre pour elle. Parce que malgré ses insultes et sa constante façon de se comporter comme si elle avait un saule cogneur dans les fesses, elle pouvait prétendre tout avoir, sauf une chose qui rendait Neela bien supérieur à elle : un coeur.

Neela roula des yeux, exaspérée et fatiguée de toujours avoir à lui répondre par des répliques cinglantes pour pouvoir la calmer. Pourtant cela ne faisait qu'empirer. Si elle était venu jusqu'à elle, c'était par devoir de morale, et de mémoire aussi, parce qu'elle faisait ça aussi pour Clarisse, pour que justice soit faite. D'ailleurs, comme à son avis la plupart des membres de sa famille, Neela avait déjà pensé plus d'une fois qu'elle aurait préféré que Clarisse vive et que ce soit Viviane qui fusse tuée. Mais peut être aussi que Viviane n'aurait jamais été la prétentieuse sorcière qu'elle était aujourd'hui. Neela baissa mollement ses bras, découvrant ainsi son corps. Elles faisaient la même taille, bien qu'elles fussent toutes les deux extrêmement grandes dépassant largement le mètre soixante dix, ce qui leur avait toujours permis de se démarquer des autres de leurs âges, mais aussi de clairement montrer leur affiliation.

« Très bien Viviane, tu sais quoi ? Je n'ai pas envie de t'entendre déblatérer ton venin, alors si tu veux pas m'entendre alors c'est parfait je m'en vais » Elle bascula ses longs cheveux bouclés derrière son épaule d'un revers de main et la fusillant du regard. Elle lui avait tendu une perche, elle ne l'avait pas saisi, très bien, elle n'avait plus rien à se reprocher. Surtout si elle se mettait à insulter ses deux meilleures amies qui étaient plus chères pour Neela que sa propre famille. « Je pensais que tu aurais pu faire abstraction deux minutes de ta haine pour moi pour te comporter comme une adulte et écouter ce que j'avais à te dire, mais visiblement tu es restée la même gamine » Elle se pinça nerveusement les lèvres. Elle détestait être aussi cruelle dans ses propos, elle n'avait jamais été une de ces filles qui réussissent à dire sans sciller les quatre vérités à quelqu'un. Elle se dérobait souvent, préférant éviter les conflits. Elle tourna les talons immédiatement, et fit quelques pas avant de se retourner une nouvelle fois. Peut être que même les plus méchants méritent une seconde chance. Eux plus que d'autres. « Si ça t'intéresse toujours, je voulais qu'on parle de ce qui s'est passé cette nuit ... Où tu l'as perdue. Et crois moi tu veux entendre ce que je sais là dessus » Elle espérait que Viviane ne croit pas qu'elle veuille recasser cet évènement pour la faire souffrir ou la mettre hors d'elle. Mais avec un être aussi imprévisible que Viviane en face d'elle, qui pouvait savoir comme cela finirait.

Si Viviane avait caressé l'espoir vain que Neala ait compris au bout d'une seule fois l'avertissement qu'elle lui avait donné, elle dut hélas se rendre à l'évidence, qu'elle ne se débarrasserait pas aussi finalement de sa cousine, puisque sa voix nasillarde lui vrillait encore les tympans tandis qu'elle se tenait à quelques mètres derrière elle. La sorcière hésita un long moment quant à l'attitude qu'elle devait adopter, s'énerver davantage, ou l'ignorer comme elle se contentait de faire depuis maintenant dix ans ? Elle n'était clairement pas d'humeur à bavarder, et encore moins avec Purvis, elle ne comprenait d'ailleurs pas l'acharnement inhabituel de celle ci à son égard, elle préférait encore quand elle se contentait de l'observer de loin avec ses amies stupides, médisant sur son dos. Grand bien leur fasse, elle ne demandait après tout qu'une seule chose, qu'on la laisse en paix, sa méchanceté lui servait en outre de rempart contre les gens qu'elle fuyait comme la peste. Elle n'avait jamais eu d'amis, elle ne pouvait pas se le permettre, son père le lui avait enseigné plus jeune, elle ne devait compter que sur soit même, car on finissait toujours par se faire trahir. Seul Heathcliff avait réussis à ébranler ce soldat bâti de toutes pièces qu'elle était. Si au début, cette situation l'avait meurtrie, elle s'en était aujourd'hui accommodée, et avait accepté sa condition solitaire de mangemort, ainsi que les caractéristiques qui allaient de paire avec la marque des ténèbres. La souffrance, était une chose qui était partit le jour où H. s'en était allé, ainsi les moindres mots et pensées de Neela, ne faisaient que ricocher sur elle, sans jamais l'atteindre. Tout ses mots, sauf peut être un, Clarisse.

L'entendre parler de sa soeur, eu un effet dévastateur sur elle, et immédiatement elle se retourna pour faire face à son interlocutrice, non sans une certaine pointe de démence dans le regard. Sa main se crispa par réflexe sur sa baguette, et elle avança dangereusement vers Neela, dont elle saisit le poignet avec fermeté. « De quel droit oses-tu parler d'elle ? » Elle l'observa un long moment, essayant de déceler le moindre indice, pouvant lui indiquer les intentions de la sorcière. Elle avait réussit à obtenir sa complète attention, en osant lui rappeler l'assassinat de sa sœur, qui était devenu une sorte de sujet tabou pour Viviane. Elle ne pouvait pas oublier ce drame qui la hantait quotidiennement, car après tout Clarisse s'était sacrifiée pour la sauver, en s'interposant entre elle, et le groupe de mangemorts qui était entré dans la maison par effraction. Elle ne comprenait d'ailleurs toujours pas cette fameuse nuit, et chaque nouvelle piste qu'elle avait suivit menait à une impasse. Ne pas avoir le fin mot de l'histoire l'empêchait de faire correctement son deuil, et depuis l'instant où sa cadette était tombée entre ses bras, elle s'était mise à vaciller entre deux idéaux, dont l'un, avait perdu une infime partie de sa foi. IL lui avait assuré que tout avait été fait pour son bien, et cette idée, chuchotée à son oreille, faisait son bout de chemin, en s'insinuant davantage dans son esprit jour après jour, qui acceptait peu à peu la réalité de la chose; il suffisait toutefois d'un petit rien pour que cette notion dévie. Elle réalisa au bout d'un certain laps de temps, qu'elle tenait encore le bras de Neela, qu'elle lâcha aussitôt, dans une mine dégoutée.

« Tu es aussi pathétique que ton père, qui a toutefois la décence d'appartenir aux mangemorts… » Elle marqua une légère pause, toujours aussi calme et impassible, l'égarement qu'elle avait pu laisser percevoir quelques secondes auparavant n'était plus là. Oh Tiberius, ce grand Tiberius, qui après maintes années de service n'arrivait toujours pas à obtenir les faveurs du seigneur des ténèbres; elle en entendait souvent parler lorsqu'elle était à la maison, et c'était avec délectation que Valerius, se plaisait à descendre son beau frère. Viviane n'en avait toutefois pas encore terminé avec Neela, qui payerait le prix pour avoir outrepassé le peu de clémence qu'elle lui avait offert. « Tu n'es qu'une abomination envers ton sang. » La sorcière la fusilla du regard, la contemplant de toute sa hauteur, dans une attitude hautaine et autoritaire. Viviane avait cette qualité de faire transparaitre chacune de ses émotions par le simple biais d'une posture, et on ne pouvait nier qu'elle faisait réellement peur quand elle était en colère, son corps tendu par la haine. « Ne t'avises plus jamais de souiller son nom. » Elle la défia un instant, pour finalement se décontracter, ses pupilles retrouvant une couleur normale. « C'est le seul moyen que tu as trouvé pour m'atteindre, parler de Clarisse ? Je ne te pensais pas si pathétique. » Elle serra les poings le long de ses hanches, avant de poursuivre. « Il faut croire que tu possèdes finalement certaines qualités. »

Viviane avait cette étrange faculté - magique ou pas - de faire plier ses interlocuteurs à sa volonté. Malgré son envie de quitter la pièce en lui lançant un sortilège de crache-limace au passage, Neela ne pouvait tout simplement pas bouger, obligée de fixer sa cousine démoniaque droit dans les yeux, devant subir son avalanche d'insultes et son flot de venin qui malgré tout les efforts du monde, atteignait Neela. Même si en réalité, être une « abomination envers son sang » lui était bien égale, cela faisait toujours extrêmement mal d'entendre de la part d'un membre de sa famille que vous ne leur apporter que la honte et le dégoût. Au début, Neela s'était imaginé embrasser le destin que son père avait dessiné pour elle, pour la seule et unique raison d'être une enfant aimée et chérie. Mais ses convictions avaient fait le pied sur ses besoins d'être aimé. On appelait ça aussi la maturité. Son extra-sensibilité lui donnait envie de fondre en larme, de se rouler en boule contre les murs en pierre polis de la salle et d'attendre que toutes menaces soient éloignées. C'était dans ces moments là qu'elle avait même honte d'être un membre des rebelles, tant elle était affectée par tout ce qui l'entourait. De ce point de vue, les Mangemorts avaient une bonne longueur d'avance, car leur cruel manque de ressentiment les plaçaient stratégiquement au dessus de rebelles comme Neela. D'autres étaient plus expérimentées certes, mais il fallait au moins dix Neela pour battre une Viviane.

Après un long silence, et une fois que Viviane avait finit de parler, Neela hésita avant de finalement prendre la parole. Pour se donner du courage, elle se planta ses ongles dans la cuisse à travers sa robe. « Je n'oserais jamais parler en mal de Clarisse. Je l'aimais beaucoup trop pour ça » Nerveusement, elle préféra quitter le regard de Viviane quelques instants après avoir mentionné sa défunte soeur. Elle passa fit basculer ses cheveux en arrière et lâcha un soupire discret qui traduisait sa peur pressante de se livrer, mais aussi son impatience. Elle finit par quitter l'embrasure de la porte, et déposa sa vieille besace en cuir brun vieillit sur les dalles humides et s'appuya sur l'un des tables de préparation de la salle de potions. Il fallait trouver une manière diplomate d'annoncer le tout, surtout qu'elle avait l'habitude de partager avec ses visions qu'avec des gens très proches et surtout qu'elle appréciait. Viviane ne faisait malheureusement pas partie de ses catégories. « Tu dois probablement savoir que je ... j'ai certaine dispositions par rapport à la divination »

Elle marqua une nouvelle pose, grattant du bout de son ongle les crevasses de la table en extirpant des éclats du vieux bois dans lequel elle avait été construite. Dans sa famille, beaucoup connaissait le pouvoir de Angoria, la mère de Neela, et bien sûr, le fait que la jeune sorcière ait hérité des pouvoirs de sa mère était aussi une évidence. Viviane avait été la toute première personne à être témoin des démonstrations de ce pouvoir chez Neela. Quand elles étaient en vacances ensemble, elles partageaient la même chambre à coucher en compagnie de Clarisse. Bien qu'elle s'entendait le plus avec la cadette Hodgson, c'est avec Viviane, semble-t-il, que Neela partageait une connexion. Cette proximité qu'avaient eu leurs mères s'était répercuté sur les deux aînées, aussi différentes que complémentaires dans leurs physiques et leurs caractères. Le décès de Clarisse avait suffit à détruire le maillon qui les liait. « Depuis quelques nuits je fais un cauchemar. Au début il y avait beaucoup de choses flous, mais hier ... Ma vision d'hier était très claire et j'ai vraiment comprends de quoi il s'agissait » Une larme de douleur naquit sur le coin de son oeil mais elle la réprima de toutes ses forces. Elle prit une longue inspiration, et cette fois planta son regard dans celui de sa cousine. « J'ai vu ce qu'il s'est passé Viviane. J'ai tout vu. Et ... je sais qui a tué Clarisse »
Cette fois, elle ne put se contenir plus long, et la traître larme coula le long de sa joue blanche, tremblante sous la peur et la tristesse de devoir mettre des mots sur ce qu'elle avait vu, rendant la vision à présent une réalité.

» some things are better left unsaid