ACTE Ier • let me freeze again to death. PV.

@GALLIFREYSS
Quel pouvoir as-tu, toi qui depuis les tréfonds
M'a contraint à me lever, à contrecœur et doucement,
Des couches des neiges éternelles?
Ne vois tu pas combien engourdi et tellement vieux je suis
Incapable de supporter le froid amer ?
Je peux à peine bouger ou respirer
Laisse-moi, laisse-moi, laisse-moi geler à nouveau jusqu'à la mort.
WILLIAM PURCELL ◄ WHAT POWER ART THOU.

Comme la tempête qui s'abat sur l'innocent, le poing d'Heathcliff Doherty vint frapper sans retenue son plan de travail, soulevant momentanément parchemins jusqu'à l''énorme encyclopédie sur les gobelins. Le moindre petit atome posé sur son bureau subit son auguste colère. Rage terrifiante provoquée par plus faible que lui, par plus fort que lui aussi. Faible était son cœur, fort était l'objet de son tourment.

Des années après auraient pues -auraient dues !- éteindre la passion qui l'avait taraudé. Qu'à cela n'en tienne, elle était coriace cette garce et, ne semblait pas en avoir terminé avec lui. Sa rancœur non plus d'ailleurs. Fœtus il y a si peu, elle grandissait, nourrie par le tempérament sanguin du professeur d'Hogwarts. Rien ne voulait l'arrêter, elle courrait, partout dans le château glacé qu'était le cœur d'Heathcliff. Elle faisait trembler les fondations qui lui répondaient lorsqu'elle hurlait. Il était devenu un homme mort en fait. Un homme qui bougeait, qui parlait -peu-, mais un homme mort tout de même. Perdue sa dignité ! Jetées au feu ses certitudes ! Révolus ces merveilleux étés au creux duquel il l'avait aimé plus que de raison. Aujourd'hui, Heathcliff se terrait au sein de l'hiver. Englouti par la neige, immobilisé par sa morsure glaciale, dans cinquante ans on se demanderait quel est cet étrange cadavre qui sourit à la mort. La réponse serait simple. Il en était le bras. Membre nécessaire et qui s'abattait sur quiconque osait le défier, droit dans les yeux, bon pour la mort. Ces yeux qui qui avaient été la dernière chose que nombre d'entre eux avaient vu. Ces yeux aussi vides que son royaume déchu. On dit qu'ils sont le reflet de l'âme, alors Heathcliff était damné. Oui, aujourd'hui Heathcliff ne souffrait d'aucune clémence.

Et il était l'un des plus fervents anti-voldemort. Tout le contraire de la femme accompagnant ses rêves et ses cauchemars. Vivianne Hodgson ne l'atteignait plus de la même façon qu'avant quand il y pensait. Il se souvenait parfaitement de l'expression de son visage -cette décomposition- qu'elle avait affichée à la fin de son premier cours. "Heathcliff...après tout ce temps, tu..." "Fermez la porte en quittant ces lieux, miss Hodgson, merci." Culpabilité totale, jubilation maximale avaient accompagnées le reste de sa journée. Était -ce possible d'aimer et de détester la même personne au point que votre raison -on se demande à quoi elle sert finalement- décide de prendre ses clics et ses clacs et de foutre le camp ? Oui, lorsqu'on est plus totalement humain. Ça tombait bien, c'était exactement ce qu'était Heathcliff. Ce soir, il l'avait mise en retenue pour Impertinence et, déjà, il le regrettait. Il se rassit, calmé, en apparence. Ses yeux se vidèrent de toute expression. Ses jointures cessèrent de blanchir, mais sa main gauche continua ses traîtres et incessants tremblements.

Lorsque Viviane passerait cette porte, ça serait pare que la voix blanche d'Heathcliff lui aurait dit d'entrer. Lorsque Viviane passerait cette porte, peut-être apercevrait-elle l'ombre funeste passant furtivement sur le visage de son professeur. Devinerait*-elle la flamme noire qui habite son regard inflexible comme sa posture. Aimerait-elle encore un mort, puisqu'il ne pouvait être quelque chose d'autre, même pour elle ?

Parce que c'était elle qui l'avait tué.