i'm one step closer to the edge <r.Alvira>

Its so hard in this shallow age To find a more faithful friend
When I call on your sweet name You're right beside me and you stay until the end
Oh your careful with all my secrets I tell you my heart whatever I feel
With you I know I can be real You know what ill say before I start

Il n'était même pas deux heures du matin, mais déjà Charles était assise, les genoux repliés contre elle, dans le canapé de la salle commune, à contempler le ballet des flammes dansant encore dans l'âtre de la cheminée à cette heure. Elle ne trouvait plus le sommeil depuis deux jours à présent. Depuis qu'elle s'était disputé violemment avec Elliot et qu'elle avait fini par lui avouer, de façon plus ou moins explicite, ce qu'elle ressentait pour lui. Cela faisait déjà quelques temps qu'elle ne pouvait plus passer comme autrefois la nuit entière sans se réveiller, qu'elle tournait sans cesse dans son lit et qu'elle se sentait si différente. Et que du coup, depuis, elle n'avait plus parlé avec lui, échangé le moindre regard et qu'elle fuyait tout le monde. Et elle la première. Malheureusement pour elle, elle pouvait éviter les autres, mais pas sa conscience. Et c'était elle qui présentement la maintenait éveillée devant ce feu qui ne la réchauffait même pas.
Comment en étaient-ils arrivés là ? Ok, c'était en grande partie de sa faute, et en même non, car elle ne contrôlait pas ses sentiments. Justement, si elle avait pu le faire, elle les aurait fait taire, de suite, parce qu'elle savait très bien où ça les mèneraient. Précisément à là où ils en étaient à présent. A s'ignorer le plus possible, alors qu'ils étaient sensés être les meilleurs amis du monde. Tu parles d'une belle connerie. Elle regrettait amèrement de s'être laissée ainsi emportée, mais peut-être que dans le fond, c'était mieux comme ça. Vivre en cachant sans arrêt ce qu'on ressent, devenir faux, ce n'était pas comme ça que Charlie concevait la vie. Mentir en permanence à Elliot, mais surtout à elle-même, non, vraiment pas envisageable à long terme. De toute façon, à un moment ou à un autre, elle aurait fini par changer, et elle se trouvait très bien comme elle était. Devenir une autre personne par la force des choses, elle ne pouvait se l'autoriser. Quitte à ce que du coup, elle souffre affreusement. Et à vrai dire, elle ne voulait même pas savoir ce qu'en pensait le principal intéressé. Car tant qu'il ne lui aurait pas dit en face qu'il ne voulait plus la voir, qu'à leur amitié il préférait les parties de jambes en l'air, il resterait toujours un infime espoir, une minuscule chance qu'ils puissent faire comme si de rien n'était. Avant la prochaine dispute. Non. Elle avait fait ce qu'il fallait. Pour leur bien à tous les deux. Alors pourquoi avait-elle tellement de mal à s'en convaincre ?

La nuit promettait d'être longue si elle devait passer ainsi, avec la pauvre jeune gryffondor assise là à trop réfléchir sur des choses dont elle n'avait plus le contrôle. Et elle commençait réellement à avoir froid. Pas tant parce que la température de la salle commune était glaciale, mais parce que le remord lui glaçait peu à peu le sang. Elle prit sa baguette, posée jusque là à ses côtés et raviva le feu grâce à un sort. Elle jeta alors un regard circulaire sur la pièce plongée dans la semi-pénombre ambiante. Elle s'étonnait toujours autant de voir à quel point cette même pièce pouvait être si vivante la journée et presque morte à cette heure de la nuit. Comme quoi, tout autour d'elle ces derniers temps semblait avoir cette dualité, ce côté équivoque qui à long terme finirait sûrement par la rendre folle. Mais bon, pour le moment, pas question de laisser éclater ici sa frustration et sa rage, alors comme bien souvent, pour se vider la tête et ne plus penser à rien, elle attrapa le livre qu'elle avait posé à proximité et commença à lire. Au moins comme ça, elle arrêterait de trop réfléchir, elle pourrait l'espace d'un instant, devenir une autre. Une fille qui ne serait pas à sa place en ce moment.
Elle ne saurait dire combien de temps au juste il s'était écoulé depuis qu'elle avait ouvert son livre mais il lui sembla entendre des bruits de pas derrière elle. Il n'était pas rare que les différents animaux de compagnie des élèves se baladent durant la nuit, mais elle savait que ce n'était pas un animal, le pas était trop lourd pour ça. Elle espérait juste que si elle se retournait pour voir qui pouvait descendre en salle commune à cette heure de la nuit, ça ne soit pas Elliot. Elle inspira donc, et tourna légèrement la tête sur la droite, en direction des escaliers qui donnaient vers les dortoirs. Elle reconnu alors le pyjama de sa meilleure amie et elle se détendit aussitôt. Et elle sourit même en voyant la moue que cette dernière arborait. « T'es tombée du lit ou quoi ? », lui dit-elle en tapotant la place libre à côté d'elle sur le canapé, histoire de lui dire sans le faire de venir la rejoindre. Si au moins elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, elle ne serait plus seul un petit bout de temps. Le laps de temps durant lequel Alvira resterait avec elle avant de très probablement finir par se rendormir.

Décembre. L'Hiver. La neige. Tout comme sa meilleure amie, voilà à peu près tout ce que Charles pouvait aimer dans les fêtes de fin d'années. Certes pas vraiment pour les mêmes raisons qu'Alvira, mais toujours est-il que la jeune Hodgins n'aimait pas le fait que tout le monde sous le prétexte de l'approche de noël devienne aussi...inconscient ? Non, le mot n'était pas le plus adapté mais elle n'aimait pas qu'on cesse de se préoccuper comme ça de ses devoirs, qu'on passe son temps à faire des plans sur la comète concernant les hypéthétiques cadeaux qu'on allait ou non recevoir, les bons dîners en famille. Et bien sûr, le sujet qui était sur toutes les lèvres dès que le premier jour du calendrier passait à décembre: le Bal. Pourquoi par Merlin, avaient-ils garder cette fichue tradition, qui selon elle, ne servait à rien de plus qu'à humilier certains élèves, qui immanquablement resteraient seuls dans leurs coins. Elle-même en avait longtemps fait partie, quand elle n'était pas encore aussi "féminine" qu'elle ne l'était maintenant. Mais toujours est-il qu'elle trouvait tout ce simulacre totalement idiot. Et Cette année tout particulièrement, elle n'y mettrait en aucun cas les pieds. Si c'était pour voir Elliot inviter une myriade de filles à danser, plutôt rester dans son lit à lire un bon livre. Ca lui serait moins pénible, et surtout, elle ne serait pas obligée de mettre une robe et des talons.
Mais pour le moment, elle ne voulait même pas y penser, c'est pourquoi elle se plongeait entièrement dans son livre. Ca lui permettait de se vider l'esprit et d'arrêter de se morfondre. Elle ne se reconnaissait plus, vraiment. Elle habituellement si souriante et pleine de vie. Pour le moment, elle se faisait plus l'effet d'être une loque. Plus envie de rien, même plus d'aller en cours (ce qui était grave pour elle). Se nourrir le strict minimum. Et du coup aussi, dormir le minimum, mais là, ce n'était pas volontaire. C'est comme ça que pour la deuxième nuit d'affilée, elle se retrouvait éveillée en plein milieu de la nuit, à ressasser ses pensées sans parvenir à trouver la plus petite once de solution.

Mais après un petit bout de temps, elle entendit du mouvement venant des escaliers. Quand on est seule dans une pièce déserte, en plein milieu de la nuit, on prête attention au moindre bruit, qu'il soit anodin ou non. En l'occurrence, elle savait qu'une personne descendait d'un des dortoirs, et reconnaissant le léger grognement, elle reconnu la personne qui l'avait poussé sans beaucoup de difficultés. Elle était contente qu'Alvira se trouve là à présent, elle se sentirait moins seule comme ça. Elle la laissa s'approcher un peu, en lui lançant gentiment une petite pique, que sa benjamine lui renvoya presque aussitôt. Du Alvira tout craché. « J'aurai préféré, en un sens. », répondit-elle alors un léger sourire au coin des lèvres. Elle regarda Alvira se réchauffer les mains, et referma son livre. Elle trouvait ça malpoli de continuer à lire quand on se trouvait avec quelqu'un avec qui on venait d'engager une conversation. Et puis, elle n'avait plus très envie de lire à présent que son amie était là.
Elles restèrent quelques secondes sans rien dire. Avant que miss Devlin ne finisse par rompre le silence. Il faut dire que n'importe qui connaissant un minimum Charles aurait pu voir à son expression que ça n'allait pas. Et à présent, en plus de s'en vouloir déjà de s'être empotée contre Elliot l'autre jour et du coup d'avoir plus ou moins perdu son meilleur ami, à présent elle s'en voulait de rendre son amie inquiète pour elle. Mais plutôt que de faire comme toujours, de se montrer trop fière, elle savait qu'elle devait lui parler de tout ça. Elles n'étaient pas devenues meilleures amies malgré leur différence d'âge pour rien. Chacune acceptait les bons et les mauvais côtés de l'autre et rester toujours là pour se soutenir. Précisément ce dont Charles avait besoin à cet instant.

« Ca se voit tant que ça ? », dit-elle en essayant de plaisanter, mais son sourire triste disait tout le contraire. Elle regarda alors Alvira qui hocha la tête en souriant. Ce qui la fit sourire aussi. Bon, ok, elle ne savait pas encore très bien mentir, surtout pas devant Al. « Tu veux tout savoir bah...je me suis engueulée avec Elliot y a deux jours. Depuis je fais tout pour l'éviter au maximum. » Rien qu'avec cette phrase, Alvira avait déjà une bonne idée de la raison pour laquelle Charles se trouvait là en pleine nuit. Mais bon, maintenant qu'elle était lancée, autant tout déballé. « Je devais le rejoindre au terrain de Quidditch pour un entrainement, mais j'ai zappé l'heure, du coup, j'étais à nouveau en retard. Quand je suis arrivée, il faisait là tête et du coup ... Bah j'ai fini par jouer la désinvolture, et une chose en entraînant une autre, on s'est mis à crier. Et je lui ai plus ou moins dit ce que je ressentais pour lui. » Elle grimaça au même moment. Elle réalisait à quel point elle avait pu être stupide sur le moment. Elle qui justement réfléchissait toujours avant d'agir. Pour une fois, une seule fois, où elle aurait du réellement réfléchir, c'était son instinct qui avait pris le pas sur sa raison, et voilà le résultat. Elle se frotta le front avec ses paumes, comme si cela pouvait changer quelque chose à sa posture, poussant par la même occasion un léger grognement, attestant de sa frustration. « Je crois que je vais devenir dingue. »
Elle n'attendait pas qu'Alvira trouve la solution miracle à son problème. Et à vrai dire, le simple fait de l'écouter se plaindre était déjà une sacrée preuve d'amitié. Mais elle réalisa aussi alors que cela faisait quelques temps qu'elles n'avaient plus eu l'occasion de réellement parlé rien qu'entre elles. Elle tourna alors à nouveau la tête vers sa meilleure amie et lui donna un léger coup d'épaule. « Mais toi, avec Jeremiah, ça donne quoi ? Il te fait toujours des crasses ? Si oui, j'irais le voir dès demain et il entendra parler de moi. » Elle était parfaitement sérieuse sur ce dernier point, et Alvira le savait. Charles ne savait pas réellement s'occuper de ses propres soucis personnels, mais elle se montrait d'une grande efficacité pour aider ses proches. Et ça ne la dérangeait absolument pas d'aller souffler dans les bronches du Serpentard qui malmenait son amie. Elle n'était pas une Gryffondor pour rien !

Non, Charles était en effet bien loin d'aller bien. Bon, certes, elle n'étais pas au bord du gouffre, prête à en finir avec la vie. Même loin de ça, mais elle n'était plus aussi souriante qu'à son habitude en tout cas. Du coup, le changement se remarquait comme le nez en plein milieu de la figure. Changement encore plus notable pour les proches de la jeune Hodgins. Même sa soeur était venue la voir la veille pour lui demander ce qui clochait (ce qui ne relevait pas du miracle, car malgré les apparences Charles et Esmee étaient très proches, mais bon, que sa soeur s'en montre aussi dérangée, c'est que vraiment, elle devait en faire une de ses têtes...). Mais hélas, elle ne pouvait plus réellement dissimuler tout ce qu'elle ressentait en ce moment. Elle l'avait trop fait ces derniers temps et voilà où ça l'avait menée. Aussi était-elle ravie de voir sa meilleure amie débarquée en plein milieu de la nuit. Pas qu'elle se réjouisse de son insomnie, non, mais au moins, elle cesserait d'être toute seule dans cette pièce qui habituellement était si chaleureuse et qui bizarrement à cet instant précis, était tout son opposé.
Alvira et Charles étaient plutôt semblables c'est vrai, plus qu'elles ne pouvaient le penser. Il y avait bien entendu les nombreux points communs (outre le fait d'appartenir à la même maison et de jouer toutes les deux dans l'équipe de Quidditch), et aussi et surtout, des caractères similaires et complémentaires. Charles elle aussi n'était pas du genre à aller moucharder à droite et à gauche dès qu'on venait lui confier un secret. Et elle aimait aussi qu'on vienne se confier à elle, car elle trouvait que c'était un grand signe de confiance, dont elle se sentait fière. Mais au-delà de ça, c'est vrai, Charles était un peu plus studieuse qu'Al, mais ça n'affectait en rien leur complicité. La preuve, Alvira devinait bien souvent ce à quoi pensait Charles sans même qu'elle ne lui en fasse part. C'était aussi là la plus belle preuve de leur amitié. Parvenir à lire en l'autre comme dans un livre ouvert. Et au moins avec Alvira, ça ne risquait pas de mal tourner comme avec Elliot, à moins bien sûr que subitement Charles ne décide de virer sa cuti... Ce qui n'arriverait heureusement jamais.

Bref. Puisqu'elles étaient là, et que visiblement il devenait si évident que Charles n'allait pas bien, autant vider son sac non ? Alors autant le faire avec quelqu'un qui ne vous jugerait pas et qui vous écouterait vraiment. Du coup, elle lui annonça qu'elle s'était engueuler avec Elliot, et bien entendu, Alvira avait pu le remarquer, car habituellement ils passaient tout leur temps ensemble (sauf quand Charles étudiait évidemment, car étrangement, Elliot ne la suivait qu'une fois sur un million à la bibliothèque, et souvent contraint et forcé). Charles n'esquissa donc qu'un léger renfrognement quand Alvira admit qu'elle avait bien vu qu'il s'était passé quelque chose entre eux. En même temps, qui à Gryffondor pouvait l'ignorer... Mais blague mise à part, elle savait qu'au moins, elle ne lui dirait pas qu'elle n'aurait pas du faire ça, qu'elle aurait plutôt du essayer de parler. Mais aller parler à quelqu'un qui ne vous écoute pas, et vous me direz si au bout de la vingtième fois, vous ne commenceriez pas vous aussi à perdre un peu patience ? Mais ce n'était pas tant la réflexion (tout à fait naturelle venant d'Alvira) qui lui pesait, mais le fait qu'en s'engueulant avec Elliot, elle avait fini par lâcher le morceau. Morceau que visiblement tout le monde devait attendre sauf bien entendu le principal concerné. Charles fronça alors les sourcils, observant le visage de sa meilleure amie prendre un rictus presque inquiétant puis lui tira rapidement la langue pour toute réponse à sa phrase. « Bah voilà c'est fait. Mais j'aurai quand même préférer que ça sorte autrement que comme ça. », dit-elle en commençant à se ronger l'ongle du pouce gauche. Tic qui montrait bien combien la situation affectait la jeune femme. Elle ne faisait ce geste qu'en cas d'extrême nervosité ou frustration. Son grognement de protestation n'était pas méchant. Elle aimait la franchise de sa benjamine. Et d'ailleurs elle l'admirait à ce titre, même si parfois trop de franchise pouvait la mettre dans une position peu enviable. Mais toujours est-il, c'était à Charles de lui demander à son tour un petit quelque chose. Un sujet épineux cependant.

Jeremiah. Ce serpentard qui s'en prenait toujours à Alvira. Pas sans raison et Charles le savait bien. Cependant, elle ne cherchait pas à faire la morale à son amie, seulement à la protéger. C'est pourquoi, comme en ce moment, elle s'enquérissait de savoir où ces deux là en étaient ces derniers temps. Et visiblement, c'était plutôt calme. Alvira n'était du genre à se laisser trop couvée, même si cela partait d'un bon geste. Comme le faisait donc Charles ou Elliot envers elle, face à ce bougre. « Je sais que tu peux parfaitement t'en sortir seule, je connais ton caractère ma chère, mais bon, tu me connais, je m'en fais toujours pour mes amis. Surtout les meilleurs. » Et le ton sur lequel lui avait répondu Alvira, lui disait qu'elle ne devait pas jeter de l'huile sur le feu. Tant pis, elle en saurait plus une prochaine fois, car vraisemblablement, ce soir, Alvira préférait lui sortir les vers du nez. « Oui, j'ai compris, tu préfères que je sois sur le grill à ta place. Compréhensible. », lança-t-elle pleine de sarcasme. Elle regarda le feu un instant puis appuya son menton sur sa main, ayant remonté contre elle l'une de ses jambes.
« Je sais pas comment je vais faire si on devait continuer à se faire la gueule en permanence. Le croiser tous les jours, le voir tourner autour des autres filles. C'est déjà difficile comme ça, mais si en plus je perds mon meilleur ami dans l'histoire, c'est sûr, ça finira mal. »
Charles savait très bien qu'elle ne tiendrait pas longtemps avant de devenir totalement une autre personne. Une personne qu'elle n'avait pas du tout envie de devenir, car tellement loin de celle qu'elle était actuellement. Et avec un tel comportement, il était fort à parier qu'elle ne perdrait pas qu'Elliot dans l'affaire. Tout ça n'était pas possible, et elle se maudissait intérieurement de ne pas parvenir à trouver une solution, l'illumination qui lui permettrait de tout arranger d'un simple claquement de doigt. Ok, elle était une sorcière, mais même la magie avait ses limites....

En effet, Charles n'abandonnerait pas la partie aussi facilement concernant Jeremiah, mais pour le moment, elle ne voulait pas se mettre à dos sa meilleure amie, elle ne le supporterait pas. Qu'elle soit fâchée avec Elliot était déjà bien suffisant. Perdre les deux personnes qui comptaient le plus pour elle en même temps, ça serait dévastateur. Alors oui, pour le moment, elle laissait couler, sur la volonté de son amie, mais tôt ou tard, elle reviendrait sur le sujet car elle voyait bien que tout ça affectait Alvira, d'une façon ou d'une autre et Charles était simplement comme ça: quand on cherchait l'un des personnes qu'elle chérissait, on devait forcément s'attendre à la voir pointer son nez. Peut-être que le Choixpeau avait donc eu bien raison de l'envoyer à Gryffondor au final. Mais bon, pour le moment, mieux valait ne pas parler des sujets qui fâchent, mais ni elle ni Jeremiah ne perdait rien pour attendre. Et puis pour le moment, le sujet de conversation était tout autre. Même si elle ne pouvait l'admettre, elle devait bien dire que ces derniers temps, son comportement avait changé et son habituel sourire s'était évanoui sous le poids de ses contrariétés, qui ne portaient qu'un seul et même nom, Elliot.
Et comme Alvira s'en doutait, en effet, ce n'était pas facile pour elle en ce moment car même si elle s'efforçait au mieux de ne rien faire paraître, il devenait difficile pour Charles de parvenir à contenir son ressentiment. Elle habituellement si calme, la douceur même... Qu'on ne vienne plus lui dire donc que l'amour ne vous fait pas parfois devenir une autre personne. Mais celle qu'elle tendait à devenir ne lui plaisait pas. Se voir susceptible, limite parfois irascible, non, définitivement non, la nouvelle Charles ne lui plaisait pas, mais comment revenir en arrière après ce qu'il c'était passé sur le terrain de Quidditch? Elle n'en savait rien, mais une chose était certaine, de pouvoir en parler, se plaindre un peu pour une fois, lui faisait du bien. « Bah on est deux alors. », rétorqua alors Charlie à sa meilleure amie, le visage teinté d'un petit sourire lui-même emprunt d'un peu de tristesse. Ah elles étaient bien toutes les deux à être empêtrées dans des histoires sentimentales complexes.

Puis un petit laps de temps s'écoula où ni l'une ni l'autre ne dit mot jusqu'à ce que l'aînée des deux Gryffondor présentes dans la salle commune ne reprenne la parole, concédant à son amie que si elle devait perdre l'amitié d'Elliot, pour de bon, cette histoire tournerait mal. Elle ne voulait pas l'apitoyer sur son sort, Charles ne cherchait pas à ce qu'il la prenne en pitié, jamais. Mais elle avait construit un lien si fort avec Elliot que si du jour au lendemain tout devait se finir, de manière aussi douloureuse et brutale, il était certain qu'elle serait définitivement amenée à changer. Rester telle qu'elle l'était ne serait qu'un mensonge, et une vie de simulacres, d'écrans de fumée, ça ne l'intéressait pas. Ce n'était juste pas dans son caractère. Bien qu'elle puisse concevoir que certaines personnes elles, excellent dans ce chemin là. Et là, elle reconnut bien Alvira et son franc parler, quand celle-ci lui promit qu'elle se chargerait de lui. Elle connaissait Alvira et le fait qu'elle était parfaitement capable d'aller voir Elliot et de lui faire comprendre certaines choses d'une manière plus ou moins délicate. Aussi Charles regarda son amie avec un air peu rassuré avant de la voir sourire et rire aussi discrètement que possible pour ne pas réveiller leurs camarades paisiblement endormis dans leurs dortoirs. Et bizarrement, après que sa meilleure amie la "rassura" sur le fait qu'elle ne ferait pas grand chose à Elliot, rien de bien méchant, elle ne s'en sentit pas pour autant sereine.
Quand Alvira posa sa tête sur son épaule, Charles se surpris à se calmer un peu, fermant même les yeux l'espace d'une seconde où elle se sentit bien, presque libérée de ses soucis. Mais ça ne dura qu'un instant, comme toujours... Pourquoi fallait-il toujours que ces brefs moments de calme s'évaporent si vite ? Et son regard se perdit dans les flammes. Qu'avait-elle fait ? Elle aurait du se contenir, ne pas parler comme ça à Elliot sur le terrain. Non ! Elle devait le faire, elle le savait, elle avait simplement beaucoup de difficulté à s'en convaincre aux vues des conséquences qu'avaient eu sa "petite" dispute avec lui. Mais contre toute attente la phrase qu'Alvira prononça ensuite la fit rire. Oui, les garçons étaient souvent des idiots, et oui, peut-être même un peu trop souvent. Elle acquiesça. Mais ne dit-on pas aussi qu'il est souvent difficile de voir l'évidence quand on l'a sous les yeux ? Peut-être avait-elle était trop subtile quand elle avait tenté de lui ouvrir les yeux sur ses sentiments ? Elle n'en savait rien, elle ne pouvait être entièrement objective sur la question. Alvira lui assura alors qu'il reviendrait, croisant son regard pour la rassurer. « J'espère. Mais s'il ne le fait pas, il faut bien que je commence à me faire à l'idée qu'on devra passer le reste de notre scolarité à s'ignorer. Et tout sera de ma faute. »

Charles détourna son regard vers l'âtre où brûlait le feu qu'elle avait ravivé il y a peu. Même si ce n'était évidemment pas sa faute, pour elle il était clair qu'elle était la seule et unique responsable de son propre état. C'était absurde, bien sûr, car elle n'avait pas réellement choisit de ressentir à nouveau du jour au lendemain des sentiments pour lui, elle n'avait pas non plus fait le choix de voir son meilleur ami flirter avec tous ce qui bouge. Mais bon, Charles était peut-être douée avec les livres, le savoir, mais pour ces choses là, elle se retrouvait impuissante et du coup, plus ou moins frustrée car elle ne voyait le bout du tunnel dans tout ça. Et se sentir acculée, au pied du mur, c'était nouveau pour elle. Car d'une manière ou d'une autre, elle avait toujours trouvé une solution à ses problèmes ou à ceux de ses proches. Mais là, rien. « Désolée. » Dans ce seul mot, on pouvait lire combien Charles se sentait coupable d'accabler son amie de ses malheurs, comme si elle-même n'avait pas déjà une situation délicate à gérer avec Jeremiah. Et à son tour, se fut à elle se caler sa tête contre l'épaule de son amie. Et pour la première fois depuis longtemps, Charles sentit des larmes lui monter. Elle s'était toujours retenue de pleurer, elle ne voulait pas que celà l'affecte, se voilant la face au maximum, mais visiblement son seuil de tolérance venait d'être atteint. Tout le monde a une faille, un point de non retour qui une fois franchi, annonce un déluge. Un cataclysme. Restait à espérer pour Charles qu'elle s'en sortirait en évitant au maximum les dommages collatéraux. Même si elle savait pertinemment que la personne juste à côté d'elle pâtirait forcément de l'issue de cette histoire. Leur petit trio perdrait un membre, restait juste à savoir lequel s'effacerait au profit de l'autre dans le petit monde d'Alvira.

Ok, c'était bien vrai, Charles n'était pas la seule dans cette affaire, mais comme toujours et parce que son caractère était ainsi fait, elle ne pouvait s'empêcher de croire que le problème émanait d'elle. De qui d'autre sinon ? Car aussi loin qu'elle le sache, Elliot n'avait pas demander à ce qu'elle éprouve des sentiments pour lui non ? Alors dans ce cas à qui d'autre si ce n'est elle pouvait être impué la faute ? A un tiers ? A Cupidon ? Non, elle ne croyait pas en ce genre de choses, si elle aimait Elliot c'était tout simplement parce qu'elle se sentait bien auprès de lui (même si ces derniers temps celà lui causait plus de mal que de bien), parce que même s'il n'était pas parfait, c'était tout simplement lui que son coeur avait choisi. Et puis on ne contrôle pas ses sentiments non ? Comme venait de le dire Alvira, faisant sourire intérieurement Charles qui pensait la même chose au même moment. S'il y a bien une chose qui était certaine pour la jeune Hodgins à présent c'était bien ça. On pouvait bien être le plus puissant des sorciers ou un simple Moldu, l'Amour, le vrai, a toujours été le moteur et l'instigateur de magnifiques bonheurs (mais aussi de grandes douleurs). Toutes les grandes histoires, quelque part, recèle une histoire d'amour. C'est dire combien parfois, on ne peut rien contrôler, pas même son destin quand son coeur s'est épris à jamais.

Mentir et surtout se mentir à soi-même. C'est si simple. Si simple qu'on peut se poser la question de savoir si dans le fond, notre existence même n'est pas un mensonge. Mentir pour se protéger est compréhensible. Charles pourrait donc aisément comprendre les choix faits par Alvira récemment, de mentir à tour de bras, et ça même à ses plus proches amis. Elle-même n'était pas un parfait modèle de vertu, loin de là. Charles aussi mentait. Mais pas pour dissimuler des choses importantes, non. Elle omettait parfois de dire quelque chose à ses amis pour les préserver (bien qu'elle ne se privait pas non plus de les engueuler s'ils s'aventuraient sur un mauvais chemin, son côté maternel surdéveloppé sûrement). Mentir ne fait pas de vous quelqu'un de mauvais. En aucun cas. C'est plutôt les conséquences engendrées par vos mensonges qui peuvent faire de vous quelqu'un de malsain. Si le but du mensonge est de protéger, de rassurer et de réconforter quelqu'un, ce n'était pas si grave. Mais si votre mensonge avait pour but de nuire, qu'il précipitait quelqu'un un peu plus vers sa perte, alors là oui, c'est que quelque part en vous, le côte obscur de votre psychée a bel et bien pris le dessus. Charles priait simplement pour qu'une telle chose ne lui arrive jamais. Car elle craignait fort qu'en franchissant cette limite-ci un jour, elle ne parvienne plus à revenir en arrière.

Bien sûr qu'elle était désolée. D'imposer à sa meilleure amie un tel spectacle. Mais bon, même si elle aurait pu pleurer, aux vues de la situation qu'elle traversait actuellement, mais ce n'était pas elle. Oh il lui arrivait comme n'importe qui de pleurer de temps à autres. Elle disait même souvent que même les plus fiers des Serpentards, ceux se faisant passer pour des "durs" devaient bien verser une larme de temps en temps. Ils avaient juste la présence d'esprit de ne pas avoir le moindre témoin autour quand celà se porduisait, voilà tout. Charles aurait simplement aimé être là pour son amie avant même qu'elle ne se connaissent. Quand Alvira aurait eu besoin d'une amie pour affronter les reproches de se famille. Pour pouvoir la protéger comme elle le faisait maintenant, de son mieux elle l'espérait. Pour offrir une épaule sur laquelle se confier et même pleurer quand le besoin s'en serait fait sentir à l'époque. Mais bon, le destin ou tout simplement les circonstances ont fait qu'elles ne s'étaient connus qu'à l'arrivée de Charles à Poudlard. Alors son "désolée" englobait tout ça. Sa culpabilité d'accabler Alvira avec ses problèmes, la chargeant d'un poids supplémentaire sans le vouloir, sa frustration de ne pas avoir pu être là pour elle avant, un caméo de divers sentiments tous exprimer par un mot, un seul. C'en était presque riddicule, et pourtant, à son regard, on voyait bien que Charles le pensait.

Après un moment, les rôles s'inversèrent. Alvira promettait à Charles que tout irait bien. Et en un éclair, la plus âgée des deux Gryffondors présentes dans cette pièce sourit puis rit doucement, se redressant et quittant l'épaule de son amie. « Désolée mais en théorie, c'est pas à moi de te dire ça ? Ah Alvira, qu'est-ce que je ferais sans toi ma belle ? T'es vraiment la meilleure tu sais. », dit-elle avant de prendre sa meilleure amie dans ses bras et de la serrer fort (mais pas trop non plus) contre elle. Les rôles c'étaient en effet bel et bien inversés l'espace d'un moment. Alvira, la plus jeune, parlait avec la voix de la sagesse, prenant le rôle de la protectrice, elle qui habituellement était toujours la protégée. Charles elle justement quittait son costume de protectrice pour endosser celui de protégée. C'était là la preuve qu'entre elles une amitié profonde et sincère existait. Les rôles pouvaient s'inverser, mais celà n'importait pas car ce changement n'était motivé que par une chose, l'amitié qu'elles avaient l'une pour l'autre.
Après quelques secondes, Charles recula, et regarda Alvira en souriant. Sourire rendu par cette dernière. Encore une fois, Charles se dit que leur différence d'âge n'avait jamais eu la moindre incidence sur leur amitié. Si elles étaient si proches, c'était tout simplement parce qu'elles s'appréciaient énormément, qu'elles se comprenaient (et souvent à demi-mot), et qu'elles avaient confiance. Et la confiance pour miss Hodgins était une chose primordiale. Une force. Une arme redoutable dans le combat qu'elles allaient devoir livrer bientôt avec les rangs du Mage Noir qui grossissaient de jour en jour. Une autre raison qui les liaient aussi. La Résistance. Oui, plus elle y regardait, plus elle était fière d'avoir une telle amie, que celle-ci lui mente ou non. Ne dit-on pas qu'on aime nos amis malgré leurs défauts ?

« Et si on allait faire un tour aux cuisines, histoire de voir s'il ne traîne pas, par hasard, une ou deux bierraubeurre quelque part ? Partante ? » Sa petite "crise" existentielle était à présent passée. Charles se sentait revigorée de cette petite entrevue privée avec sa meilleure amie. Comme toujours à vrai dire (ce qui ne veut pas dire qu'elle faisait ça souvent, ne la croyez pas déprimée!). Mais c'est bien à ça que serve les amis non ? A vous faire remonter la pente, à vous réconforter quand ça ne va pas ? Alors Alvira avait bien rempli son office, et maintenant, comme elle n'avait toujours pas sommeil, elles pourraient aller discuter un peu en bas, même si c'était assez osé (même pour des Gryffondors comme elles) de descendre aux cuisines malgré le couvre-feu. Mais bon, quoi de meilleur après un petit passage à vide que de tenter le diable pour se sentir vivant ?