Business is business. (R)

« Et la bam, maléfice du saucisson en pleine face. » racontait-il tout content de lui à une Nora complètement ailleurs. « Je te félicite, tu l’a vraiment eu cette fois. » cracha-t-elle, ironique. L’intéressé se vexa instantanément ce que Nora ne sembla pas remarquer, continuant son chemin jusqu’à la grande salle. Les racontars, ce n’était pas du tout son truc. Elle détestait faire semblant de paraître intéressée alors que c’était tout le contraire. Sa franchise pourrait parfois paraître dérangeante mais il fallait l’accepter. La plupart de ses amis s’en fichait après tout et Nora n’était pas du genre à faire semblant. « Si tu veux qu’on t’écoute, va raconter ça à Fields, je suis sûre qu’elle sera contente. » Un sourire entendu s’étira sur les lèvres de la jeune femme. « Allez vas-y, de toute façon, j’ai quelque chose d’important à régler. » Elle lui tapota le bras, se demandant d’où lui venait cette soudaine gentillesse puis continua sa route, seule.

La Grande Salle était bondée comme à son habitude et Nora ne put s’empêcher de soupirer. Elle n’allait quand même pas le chercher toute la journée. Elle pivota la tête en direction de la table des Gryffondor où enfin elle l’aperçu, discutant activement avec des amis peut-être. Pour dire vrai, elle s’en fichait carrément, tout ce qu’elle voulait c’était lui parler en privé. Elle s’avança donc d’un pas décidé vers la table sans se départir de son sourire mais sachant pertinemment qu’elle était surveillée et l’apostropha sans retenue. « Cooks, il faut qu’on parle. » L’intéressé pivota vers elle et s’esclaffa bruyamment. « Tu vois pas que tu me déranges ? » Elle savait déjà à quoi s’attendre en allant lui parler mais là il avait dépassé les bornes. Personne ne lui parlait sur ce ton, surtout pas un mec de ce genre. « Il faut qu’on parle. » répéta-t-elle plus distinctement. « Joue pas à ce petit jeu avec moi, Cooks, tu pourrais le regretter. » Comme pour compléter sa réplique, elle enfonça sa baguette dans le dos du jeune homme qui était encore retourné. « Je peux m’occuper de ton cas ici si tu préfère. » Mais l’interessé avait déjà capitulé et s’était levé, sans un mot. D’un geste, elle abaissa sa baguette contre son flanc avant le pousser vers la sortie de la salle, toujours derrière lui.

Avec Jeremiah, ils avaient décidés de régler ça près du lac ce qui semblait être l’endroit le plus approprié. Personne ne pourrait les voir d’ici et l’intéressé aurait assez la frousse pour ne plus faire la même bêtise. « Je peux pas te payer. » Il avait déjà compris de quoi il s’agissait. Pas si bête finalement ce Cooks. Cependant, cela n’était pas vraiment la meilleure réponse. « Contente toi d’avancer pour l’instant. » Jeremiah devait la rejoindre d’un instant à l’autre maintenant. Il lui avait dit qu’il avait quelque chose à faire de son côté ce qui était tout à fait compréhensible. « Dis moi ce qui se passe. » dit-il quand ils arrivèrent enfin près de la rive. La jeune femme le regarda, sans rien dire. Il le saurait bien assez tôt. Elle consulta alors sa montre, Jeremiah devait être là depuis au moins une bonne dizaine de minutes. Qu’est-ce-qu’il fichait bon sang ?

Je n’ai jamais oublié une entrevue avec Nora. D’ailleurs, je ne suis même jamais arrivé en retard à l’une d’entre elle. Que faisait-elle à présent ? Était-elle déjà près du lac avec Cooks que le resquilleur ? Je n’en doutais pas. Avec ou sans moi, la jeune femme était tout à fait capable de gérer ce genre de situation. Je n’avais pas de raison de m’en faire. Celle qui m’inquiétait, c’était ma sœur. Elle gisait là, dans le dortoir de l’infirmerie, inconsciente et d’une pâleur à faire peur. Personne ne m’informai sur son état, ni même ce qui lui était arrivé. C’était angoissant.

Les bruits de couloirs racontent qu’elle fût grièvement blessée lors d’un duel, d’autres relatent qu’un cognard l’aurait percuté de plein fouet tandis qu’elle observait les Poufsouffles s’entraîner, d’autres encore chuchotaient qu’elle perdît connaissance au milieu de la grande salle, sans raison apparente. Et moi, assommé d’anxiété, j’attendais patiemment au chevet de ma sœur, sa main dans la mienne, que l’infirmière se manifeste enfin. Par la barbe de Merlin, pourquoi donc n’est-elle pas à son poste ? N’est-ce pas son rôle d’être là, au côté de ses malades pour les soigner ? Les guérir et surtout, tranquilliser familles ou amis inquiets ? Si seulement je savais ce qui s’était réellement passé, peut-être pourrais-je soigné ma jumelle moi-même ? Après tout, n’ai-je pas un stock inépuisable de potions et philtres en tout genre ?

« Hey, Stevenson » lançais-je à une petite tête blonde de première année. Vivement, il se retourna et, intimider, me répondit d’un oui faible et impressionner.

« Tu veux bien me rendre un service ? Je voudrais que tu me trouves l’infirmière. »

Ravi de pouvoir aider l’un des ainés de sa maison, il s’encourut à toute jambe pour revenir cinq bonnes minutes plus tard avec la tant attendue. Jamais je ne fus plus heureux de la voir. Elle détenait les clés pour réveiller ma sœur qui, d’après son rapide diagnostic, confirma la version du cognard. Ce n’était rien de grave et compte tenu qu’elle ne s’éveillerait pas avant le lendemain matin – Effet du remède qui la retapera sans une bosse - je pris congé de ma sœur, après l’avoir embrassée sur le front.

***

Plus j’approchais du lac, plus je distinguais la contrariété sur le visage contrit de la belle Nora. Elle devait être dans une rage folle et je ne doutais pas qu’elle devait être morte d’inquiétude. Réputé par ma ponctualité, je la devinai inquiète et j’en étais presque touché. Arrivé à moins d’un mètre de notre malhonnête victime, je ralentis ma course, m’efforçant de reprendre mon souffle et retrouver ma prestance naturelle. Quelle image offrirais-je à Cooks si mes menaces s’entrecoupaient d’une respiration hachée par l’effort. Les mains sur les genoux, le corps pliés en deux, je regrettais ne pratiquer d’autres sports que le Quiddich, mon endurance est lamentable.

Enfin, je m’avançais sur le lieu du crime et, soignant la théâtralité de mon entrée, je marchais lentement, la baguette à la main et la voix ironiquement aimable :

« Mon cher Cooks, je suis très heureux de te voir et, sache que je ne te remercierai jamais assez d’avoir tenu compagnie à Nora….. Je m’en voulais de l’avoir abandonnée seule au lac. » le saluais-je en inclinant la tête par politesse avant d’embrasser Nora non loin de son oreille dans laquelle je glissai un « Je suis désolé. Je te raconte plus tard. »

Le jeune Gryffondor, non dupe de mon manège, paraissait mal à l’aise et instinctivement, s’excusa de n’avoir ni régler sa dette ni d’être en mesure de le faire.

« Oh. Cooks, s’il te plait. Nous crois-tu vraiment assez fourbe pour te réclamer notre argent avec si peu de classe ? Tu sais, tu me vexerais presque. Hein Nora ? Il est vexant tu ne trouves pas ? »