whatever they say, you're still my friend.

WHATEVER THEY SAY, YOU'RE STILL MY FRIEND
LILYBET ATTFIELD & ALVIRA DEVLIN
The Three Broomsticks ; December 2019

Le froid mordant de Décembre attaquait chaque membres de la jeune Devlin qui suivait le flot des élèves sans grande conviction. L'unique raison qui l'avait fait sortir du château par ce jour particulièrement désagréable, avait été Lilybet Attfield qui n'avait eut de cesse de la supplier de venir à Pré-au-Lard avec elle. Alvira avait fini par accepter, plus pour faire plaisir à son amie que par réelle envie. Si cela n'avait tenu qu'à elle, Alvira serait probablement resté dans la salle commune de Gryffondor, loin des oreilles et des yeux indiscrets. Elle aurait ainsi pu terminer son livre commençait un mois plus tôt. Au cas où, elle l'avait glissé dans son sac avant de prendre le chemin du parc où elle cherchait désormais Lilybet des yeux. Ce fût la jolie blonde qui la trouva en premier et lui tapota gentiment l'épaule.

- Ha te voilà ! Je commençais presque à me dire que tu m'avais tendu un piège ! Lui dit Alvira, en esquissant un sourire avant de lui prendre le bras et de marcher lentement vers la sortie de Poudlard.

Une fine couche de neige était tombé durant la nuit et chacun des pas qu'elles faisaient laisser entendre un petit crépitement significatif qu'Alvira avait toujours adoré. Elle s'était attendu à voir beaucoup plus de neige mais ne doutait pas pour autant qu'elle arriverait. En descendant la pente et en marchant le long du sentier menant au village de Pré-au-Lard, Lilybet et Alvira n'avait de cesse de bavarder, de tout et de rien. Elles n'avaient pas vraiment eut l'occasion de se voir durant toute cette semaine, Alvira évitant volontairement les couloirs et se réfugiant autant que possible dans la salle commune de Gryffondor. La période de Noël lui donnait la nausée. Elle avait appris à détester cette fête et les vacances qui s'en suivaient. Lorsqu'on la questionnait sur le pourquoi du comment elle se montrait, généralement, très désagréable. Aussi le sujet ne vînt pas dans la conversation. Du moins pas pour le moment. Un groupe de Serdaigle passèrent devant elles en riant et en bavardant plus fort qu'il n'était nécessaire. Ils avaient tous l'air jeune aussi Alvira n'y prêta aucune attention jusqu'à ce que l'une de leur misérable petite boule de neige ne vienne s'écraser sur le bas de sa robe. « Faites un peu attention ! » Elle soupira et épousseta sa robe d'un geste nonchalant qui ne servait strictement à rien. A côté d'elle, Lily arborait un sourire radieux à la limite de la moquerie mais qui ne dérangea pas Alvira pour autant. Elle lui donna un coup de coude et toutes deux reprirent leur conversation qui vira bientôt sur les examens de fin d'année.

Le village de Pré-au-Lard semblait comme figé. Rien ne changeait jamais en ces lieux, comme si le temps avait décidé de suspendre son éternel voyage. Les plus jeunes élèves, qui n'avaient jamais eut la chance jusqu'ici d'aller au village, s'extasiaient sur tout ce qu'ils voyaient faisant sourire la jeune brune. Le froid commençait très sérieusement à mordre son visage et ses oreilles, ainsi que ses doigts qui n'étaient nullement protégés. Alvira avait toujours détesté les gants, préférant de loin porter des mitaines de diverses couleurs. Aujourd'hui elle avait ensorcelé sa plus vielle pair afin qu'elle arbore les couleurs de Gryffondor, tout comme l'écharpe qu'elle portait au cou. Alvira était extrêmement fière de sa maison bien qu'elle avait pris l'habitude de ne pas le crier trop fort. Sa réputation ne devait pas être ternie, ou plutôt la réputation de la famille Devlin. Elle préférait faire profil bas plutôt que de risquer sa vie une fois de plus.

Il n'y avait rien à dire, Pré-au-Lard était un endroit magnifique qu'Alvira aimait quoiqu'elle puisse en dire. C'était sans doute le village de sorcier qu'elle préférait, peut-être parce qu'on y rencontrait toute sorte de personnes et qu'elle était certaine de ne jamais y croiser ses parents. L'endroit était un peu trop pauvre pour eux. Alvira regarda un instant la boutique de farces et attrapes en se disant qu'elle allait devoir venir ici un jour. En toute discrétion bien sur. Mieux valait que personne ne sache ce qu'elle comptait faire. Se retournant vers son amie qui s'était soudainement arrêté pour elle aussi regarder la vitrine, Alvira arbora un nouveau sourire avant de prendre la parole d'un ton joyeux. Maintenant qu'elles étaient ici, Alvira n'avait aucune envie de passer la journée debout dehors ou à flâner entre les boutiques.

- Que dirais-tu d'aller prendre un verre aux Trois Balais ? A ce rythme là le froid va nous dévorer plus vite qu'un troll affamé !

Lilybet était de bonne humeur. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été aussi rayonnante ; si d’ordinaire elle revêtait jour après jour un masque de franche camaraderie pour dissimuler son cœur brisé, sa légèreté n’avait cette fois rien de feint. Pour preuve, elle irradiait des sentiments tellement positifs que, la veille, des Premières Années étaient venues la trouver dans la salle commune afin qu’elle les aide à terminer un devoir de Divination. Elle ne s’était pas sentie aussi bien depuis un peu plus d’un an et, si elle jurait ne se rendre compte d’aucun changement, elle appréciait énormément de ne plus s’enfermer dans sa chambre sitôt les cours terminés. Surtout, elle ressentait le besoin d’être en présence de gens qu’elle estimait, parce qu’elle souhaitait partager son humeur festive, qui allait de paire avec l’esprit de Noël que la neige avait apportée sous son long manteau blanc. Dans cette optique, Lily avait demandé à Alvira, l’une de ses rares vraies amies, de l’accompagner durant la sortie à Pré-au-Lard. Sa camarade de chez Gryffondor avait dû se faire longuement prier avant de finalement se laisser convaincre. Après autant d’années à Poudlard, le village n’avait plus grand-chose d’exceptionnel, toutefois la jeune Attfield ressentait le besoin de s’éloigner de l’enceinte du château, un peu d’air frais ne pourrait lui faire que du bien. La compagnie d’une amie fidèle avec qui elle pourrait discuter de tout et de rien contribuerait également à renforcer sa bonne humeur, elle en était persuadée. D’ailleurs, ce fut avec un large et franc sourire qu’elle la repéra, au milieu des autres élèves qui se pressaient dans la petite cour. Elle posa sa main sur son épaule afin de capter son attention et lui rendit son sourire dans la même seconde. « Désolée, je devais terminer quelque chose. » Alvira ne réclama pas la moindre justification, ce qui frustra un tantinet Lily qui n’eut pas l’occasion de parler de sa nouvelle coupe de cheveux, changée spécialement pour cette sortie. Elle avait gardé la blondeur mais opté pour quelque chose de beaucoup plus court, c’était la première fois qu’elle osait sortir avec une chevelure pareille et ignorait pour l’instant si elle aimait.

La Poufsouffle n’eut pas le temps de s’en inquiétait plus longuement que déjà Alvira attrapait son bras. Elles se mirent en route, un peu en retrait de la masse d’élèves, discutant de ce qu’elles avaient fait au cours de la semaine écoulée, partageant des anecdotes sur leurs cours, leurs professeurs et parfois certains de leurs camarades. Rien de plus profond, cependant. Cela serait réservé pour plus tard, lorsqu’elles seraient à l’abri des oreilles indiscrètes et des regards en coin. Leurs conversations furent momentanément interrompues par l’irruption d’un groupe de jeunes élèves qui eurent la mauvaise idée d’impliquer Alvira dans leur bataille de boules de neige improvisée. Lily ne rit pas mais ne réprima pas pour autant l’immense sourire que cette scène lui inspira. Si elle ne la connaissait pas mieux, elle aurait sans aucun doute eu aussi peur que ces pauvres Serdaigles qui déguerpirent sans demander leur reste. Le caractère bien trempé de la jeune Devlin était une des raisons qui faisaient qu’elle l’appréciait autant ; elle ne se laissait pas faire et n’hésitait pas à remettre à sa place quiconque lui manquait de respect. Une force qu’elle, Lilybet Attfield, ne possédait hélas pas. Comment aurait-elle pu développer cet attribut alors que, depuis son plus jeune âge, elle avait été au service des autres ? Le premier plan n’était pas pour elle. Même aux côtés d’Alvira, elle avait beau être la plus âgée des deux, elle s’effaçait toujours devant son amie. Parce qu’elle était plus jolie, plus riche, plus hardie…

« J’avoue que je meurs d’envie d’une bonne Bièraubeurre ! » Lily détourna son regard de la vitrine derrière laquelle s’étalait un stand de confiseries piégées avant de se diriger, d’un pas vif comparable à celui d’un cheval sentant l’écurie, vers le plus fameux pub de Pré-au-Lard. La chaleur réconfortante de l’endroit vint l’encercler sitôt la porte poussée et, à nouveau, ses traits s’éclairèrent d’un sourire. Les deux jeunes femmes se frayèrent un chemin jusqu’à l’une des dernières tables de libre puis s’installèrent au moment même où la serveuse passait prendre leur commande. Lily demanda la traditionnelle boisson préférée des élèves, comme d’habitude. Ses doigts picotaient légèrement à cause de la différence de température entre l’intérieur et le froid du dehors, néanmoins c’était une sensation qu’elle ne trouvait pas désagréable. Il valait mieux subir les effets secondaires de la chaleur plutôt que mourir de froid. « Je suis contente que tu ais accepté de venir jusqu’ici avec moi, » souffla-t-elle après un long moment de silence. « J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’est pas parlé… » Et par là, elle voulait dire « vraiment » parlé.

Les deux amies se précipitèrent vers le célèbre pub du village où la chaleur des lieux réconforta immédiatement Alvira. Au dehors, les plus hardis élèves trainaient encore devant les vitrines mais à en juger par le monde qui se trouvait aux Trois Balais, la plupart des élèves avaient préféré trouver un peu de confort bien au chaud, autour d'une choppe de Bièraubeurre. Regardant du mieux qu'elles le pouvaient la salle, Lilybet tira Alvira en avant là où elle avait trouvé une table libre. Elle se laissa tomber sur la chaise qui faisait face à la blondinette et retira immédiatement ses gants pour les laisser sécher sur la table. L'atmosphère était plus que plaisante. Cet endroit dégagé quelque chose de conviviale et Alvira devait bien avoué qu'elle adorait passer des heures ici. A condition qu'elle n'y rencontrait pas de mauvaises personnes. Un bref regard circulaire sur la pièce lui indiqua qu'il n'était pas là. Ou du moins ne l'avait-elle pas aperçu. Une bande de Serpentard s'esclaffait un peu plus loin mais à part cela rien à signaler. « Je suis contente que tu ais accepté de venir jusqu’ici avec moi. » Reportant immédiatement son attention sur son amie, elle lui adresse un sourire et lui posa sa main sur la sienne comme pour la réconforter. Elle savait pertinemment que Lily craignait, en quelque sorte, de la perdre. Alvira n'avait jamais porté la moindre importance au sang contrairement à ses parents qui, lorsqu'elles étaient plus jeune, avaient formellement interdit à leur fille de fréquenter la jeune Attfield. Aujourd'hui Lily était l'une de ses meilleures amies et elle adorait passer du temps avec elle.

- Une éternité ? Haa c'est donc pour ça que tes cheveux sont tombés ! Plaisanta-t-elle.

Il était vrai qu'elles ne s'étaient pas vraiment vus depuis un certain temps et qu'elles n'avaient surtout pas eut l'occasion de bavarder entre filles. Si Lily disait cela c'était peut-être qu'elle avait quelque chose d'important à lui dire. Ou peut-être Alvira se faisait-elle des idées. En voyan la mine de son amie, Alvira s'empressa d'ajouter « Tu es magnifique, comme d'habitude ma chérie. » Cette façon quelque peu maternelle de parler à Lily n'avait rien d'inhabituel. Alvira avait beau avoir un an de moins que son amie, elle avait toujours protégé Lily comme si c'était elle la plus jeune. Lilybet semblait si fragile parfois. Et pourtant Alvira savait très bien qu'au fond d'elle la jolie blonde voulait faire ses preuves et changer. Elle n'était pas dupe et savait que Lily n'était pas vraiment du côté du bien. Ni l'une, ni l'autre n'abordait jamais vraiment le sujet. Alvira s'arrangeait toujours pour en changer, préférant ne pas trop s'attarder. Elle ignorait combien de temps elle réussirait à donner le change et elle ne voulait surtout pas que Lily découvre qu'en réalité Alvira n'était pas du tout favorable à Voldemort.

Cela étant dit Alvira se sentit un peu coupable d'avoir volontairement évité de croiser du monde depuis quelques jours. Il n'était pas rare qu'elle s'isole complètement du monde mais en général elle essayait de prévenir ses proches qui en avaient pris l'habitude. Alvira était quelqu'un de solitaire à l'extrême. Elle préférait de loin être seule plutôt que d'être obligé de supporter les sourires forcés de ceux qu'elle côtoie au quotidien. Sans parler des sarcasmes acerbes de ses pire ennemis. Et, depuis que l'annonce avait été faite, le bal occupait les conversations de toutes les filles de l'école, et de quelques rares garçons. Elle ne pouvait en supporter d'avantage. Depuis son entrée à Poudlard Alvira Devlin n'avait jamais mis les pieds à un seul des bals donnaient. Elle prétextait toujours un rendez-vous important qu'elle ne pouvait manquer ou un retard colossal dans ses devoirs. Depuis qu'elle avait pris son indépendance elle rentrait systématiquement chez elle à cette période, évitant ainsi soigneusement le bal de Noël. Cette année ne ferait pas exception. Plus d'une fois elle était passé devant des jeunes filles qui gloussaient en regardant un groupe de garçons. Cette vision lui avait inspiré le plus grand dégoût et elle ne s'était pas gêné pour le montrer. Alvira n'était pas connue pour avoir eut de nombreuses conquêtes. En réalité personne ne savait vraiment où elle en était côté cœur. Certains savaient, bien sur, qu'elle devait se marier avec Jeremiah Chatterton mais la plupart l'ignorait. Alvira en eut la nausée rien qu'en y pensant.

Enfin, Owen vint se planter à côté de leur table attendant qu'elles lui commande quelque chose. « Deux bièraubeuerre s'il-te-plait Owen ! » annonça Alvira en souriant à l'aimable gérant du pub qui le lui rendit à peine et se dirigea à nouveau derrière son bar.

- Bon, et bien y aurait-il quelque chose que tu voudrais me dire en particulier ?

Le mental de Lilybet était à son image, extrêmement friable, fragile, il pouvait passer d’un extrême à un autre en l’espace d’un quart de seconde. L’allégresse qu’elle éprouvait depuis le matin même, qui s’était renforcée avec la vision de son amie après tout ce temps passé sans se côtoyer, menaça de s’effondrer dès qu’Alvira fit une remarque sur sa nouvelle coiffure. Elle détestait. Elle faisait passer cela pour une plaisanterie mais il était connu de tous que derrière chaque trait d’esprit se dissimulait la vérité. Sans qu’elle ne puisse les contrôler, ses cheveux gagnèrent quelques centimètres. Cette pousse impromptue était impossible à voir à l’œil nu, pourtant, elle pouvait désormais remettre certaines mèches derrière ses oreilles, ce qu’elle fit afin de se donner une contenance et parce que c’était l’un de ses gestes les plus élémentaires en cas de nervosité. Elle aurait tellement aimé ne pas se préoccuper autant de ce que les autres pensaient – les « autres » étant ceux qui lui étaient proches, elle n’avait strictement rien à faire de l’avis de la masse qu’elle ne connaissait pas – mais ça lui était impossible, elle respirait par les commentaires qu’ils faisaient sur elle, elle passait son temps à tâcher de les satisfaire. Eux, jamais elle. Son existence était un perpétuel combat pour gagner les faveurs, pour ne pas être celle qui passait inaperçue. Combat perpétuel mais qu’elle ne gagnait que peu souvent. La preuve étant qu’Alvira avait pu passer des semaines sans éprouver le besoin de la voir alors que de son côté, Lily avait attendu la moindre occasion de se retrouver seule à seule avec elle. Une telle situation ne lui serait sans doute pas arrivée si elle avait eu plus d’amis, mais le problème était là : elle ne s’ouvrait qu’à un cercle réduit et son vœu secret était que ses proches en fassent de même. Ce qui était loin de s’approcher de la vérité. C’était sans doute pour cela que la jeune Attfield rêvait à la fin de l’école, à une époque où elle entrerait dans la vie active et ne serait entourée que de personnes pensant comme elle. Lorsqu’elle deviendrait Mangemort.

« Merci, » murmura-t-elle sans conviction tandis qu’Alvira se rattrapait avec un compliment qu’elle prit avec des pincettes. Elle rougit malgré elle, se maudissant de réagir aussi fortement dès qu’on lui disait quelque chose. Qu’en pouvait-elle ? Alvira était comme un modèle pour elle, en dépit de son plus jeune âge, elle appréciait son jugement presque autant que celui de Declan. Declan, justement, était la raison pour laquelle elle se trouvait à Pré-au-Lard ce jour-là. La dernière entrevue qu’elle avait eue avec lui s’était passée si bien qu’elle se sentait sur un petit nuage, elle pouvait prédire que les jours étaient comptés jusqu’au moment où ils se remettraient ensemble. Elle avait pu constater qu’elle lui était toujours indispensable tout comme il lui était vital. A cette pensée, un sourire se dessina sur son visage, qui lui fut utile pour saluer silencieusement le patron des Trois Balais qui vint prendre leur commande. Elle laissa à Alvira le soin d’ordonner leurs deux bièraubeurres, profitant de ces quelques secondes pour jeter un coup d’œil circulaire dans la pièce principale du bar. Tout le monde paraissait avoir eu la même idée pour fuir la morsure du froid extérieur et s’était réfugié ici, prenant d’assaut les tables et chaises hautes du comptoir, habituellement réservées aux clients les plus âgés. Les deux jeunes femmes avaient bien fait d’y venir directement.

Lily reporta son attention sur Alvira lorsque cette dernière posa la question à deux milles gallions. Elle se mordilla la lèvre de façon enfantine, baissant le regard comme une fillette gênée avant de relever la tête. « Je sais que tu n’apprécies pas vraiment le cirque autour des fêtes de fin d’année mais j’aurais aimé avoir ton avis sur… Enfin… » Elle cherchait les meilleurs mots pour ne pas paraître stupide ou trop niaise. « Je suis persuadée que Declan va m’inviter au bal de Noël donc j’aurais aimé trouver une robe ici. » Deux problèmes soutenaient son raisonnement : d’une part, elle n’était absolument pas certaine que son camarade de Poufsouffle ait dans l’idée de faire d’elle sa cavalière, dans un second temps, ses finances inexistantes ne lui permettaient pas de dépenser une somme faramineuse pour une tenue à la hauteur de ses attentes. Toutefois, Lilybet était prévoyante, elle avait peser les pours et les contres de sa condition, ainsi elle avait survolé des tonnes de livres avant de tomber sur un sortilège parfait qui la rendrait éblouissante pour le bal et qui avait le mérite de ne pas coûter une noise. « Je sais que je m’y prends à l’avance mais c’est important pour moi… Tu dois me trouver stupide, n’est-ce pas ? » A nouveau, elle baissa son visage sur la table, réprimant un soupir.

[Je suis impardonnable, tant de temps pour répondre et une qualité si médiocre, désolée, désolée Embarassed

]

Alvira pouvait parfois paraître comme étant la pire amie au monde. Elle ne s'intéressait pas à tout ce qui touchait, de près ou de loin, à la vie des gens qui lui étaient proches. Elle évitait également de se mêler de ce qu'il ne la regardait pas. Et surtout Alvira se fichait de ce qu'on disait d'elle derrière son dos. Ou du moins cela dépendait des circonstances. Elle ne se sentait pas pire amie que quelqu'un d'autre. Elle ne se sentait pas la meilleure non plus, loin de là. Elle se contentait d'être ce qu'elle était et on l'appréciait généralement pour cela. Être ce qu'elle était... voilà bien toute la drôlerie. Elle n'était pas une jeune fille naturelle. Elle n'était pas transparente. Elle se donnait un genre, s'inventait un monde, une vie et une identité au fil du temps. Elle n'avait pas le choix. Elle avait même réussi à se convaincre que tout ceci était pour le mieux. Personne ne devait savoir. Son petit jeu lui réussissait bien. Peut-être trop même. Malheureusement on ne peut pas passer sa vie seule. Autour de la mystérieuse Alvira Devlin s'était mis à graviter quelques personnes. Des personnes qui avaient peu à peu pris de l'importance. L'erreur fatale. Elle savait qu'ils seraient inévitablement blessé par la vérité tôt ou tard. Elle savait qu'il lui était impossible de revenir en arrière, de tout effacer. Alors, plutôt que d'espérer un miracle Alvira avait poursuivit sa route en compagnie de ces personnes qu'elle appelait désormais amis.

« Je sais que tu n’apprécies pas vraiment le cirque autour des fêtes de fin d’année mais j’aurais aimé avoir ton avis sur… Enfin… » C'était peu de le dire. Une décharge électrique venait de parcourir le corps encore endormi de la jeune Devlin qui regarda son amie avec plus d'attention sans pour autant cacher sa lassitude. Ce n'était pas tant les fêtes de fin d'année qui la dérangeait mais plutôt les souvenirs qui s'y rattachaient. Elle entreprit d'entortiller une de ses mèches autour de ses longs doigts fins et attendit que Lily poursuive. Visiblement elle ne trouvait pas les mots justes. Peut-être parce qu'Alvira se montrait si dégoûtée par ce bal. « Je suis persuadée que Declan va m’inviter au bal de Noël donc j’aurais aimé trouver une robe ici. » Elle s'était attendue à tout sauf à ça. Les yeux arrondis de surprise Alvira ne pu cependant pas réprimer un sourire. Depuis combien de temps ces deux là se tournaient-ils autour ? Elle n'aurait su le dire mais cela la faisait sourire. Elle aussi avait un jour rêvé d'accompagner Declan a un bal. Mais ce temps là était révolu et aujourd'hui elle ne pensait plus à lui de la sorte. Elle ne devait pas y penser, surtout pas en présence de Lilybet. Alvira ne pouvait nier qu'elle comprenait son amie et l'envie qui la prenait de trouver une tenue, d'être parfaite. Toutes les filles voulaient cela. Toutes sauf elle, bien sur. Pour la neuvième année consécutive elle mettrait un point d'honneur à ne pas se montrer dans la grande salle le soir du bal. Bien sur elle recevait des invitations de quelques garçons plutôt charmants. Mais comme toujours elle les envoyaient gentiment baladaient. « Tu dois me trouver stupide, n’est-ce pas ? »

- Bien sur que non ! Ce n'est pas parce que je trouve stupide cette fête que je te trouves stupide toi. Je te comprends. Et si c'est important pour toi je suppose que ça l'est pour moi...

Elle eut envie de soupirer mais s'en abstint en voyant la mine déconfite de son amie. Elle ne voulait pas faire sentir à Lily qu'elle n'appréciait que modérément cette conversation. Bien sur Alvira était prête à l'aider, cela allait s'en dire. L'avis des deux jeunes filles divergeaient sur de nombreux points, tout comme leur deux vies mais elles pouvaient toujours compter l'une sur l'autre. Même si en son fort intérieur Alvira sentait qu'un jour viendrait où elles se sépareraient pour de bon. Il ne pouvait en être autrement. Cette pensée lui donnant la nausée, elle s'efforça de sourire et balaya du regard la pièce qui s'était nettement remplie depuis leur entrée. Elle vit également Owen s'approcher d'elles, un plateau à la main. Leur boissons enfin déposer sur leur table, Alvira reprit la parole avec un air serein et une voix presque enjouée.

- Bon, avant de te trouver une robe, il faut s'assurer que Declan va bien t'inviter. Je peux m'en charger si tu veux... Comme ça de ton côté tu pourras te concentrer sur ta tenue et tout le reste.

Elle aiderait vraiment Lily. Du mieux qu'elle le pourrait. Ce serait en quelque sorte son bal à elle.